Portraits

Le facteur qui aime les chiens

Edition N°12 - 31 mars 2021

Alain Zigerli avec Chico, le premier cocker de l’armée suisse. (photo ldd)

Découvrez le dixième épisode de notre série intitulée Histoire d’A pour histoire d’Animaux, histoire d’Adoption, histoire d’Amour…

Ancien conducteur de chien militaire et membre de la Société suisse des chiens de recherche et de sauvetage (REDOG), Alain Zigerli est depuis 2012 président de la Société cynologique de Moutier et environs. Si les chiens occupent une place essentielle dans la vie de cet ancien facteur, c’est pourtant une vocation tardive, qui doit beaucoup au hasard. 

Son premier chien à 40 ans

« Mes parents avaient un cocker et un spitz nain. Mais je ne m’en suis jamais occupé. Je ne suis jamais allé les promener », confie Alain. Et c’est à près de 40 ans, en revenant de vacances, qu’il tombe en arrêt devant l’annonce d’un éleveur de Fahy qui offrait une portée de cockers spagniels anglais à vendre. « Je ne sais toujours pas pourquoi j’ai voulu aller les voir ». Une fois sur place, il craque. Sa femme Annette donne son OK mais le prévient que c’est lui qui devra s’en occuper. « J’ai choisi le premier de la nichée qui est venu vers moi ». C’est Chico du Courrier. Et c’est le chien qui a changé le cours de sa vie. Alain, qui a fait un apprentissage de facteur à Moutier, travaille à cette époque comme adjudant de poste à l’armée, à Schönbühl. C’est lui qui gère le courrier pour les écoles de recrues. 

Le premier cocker de l’armée suisse

Peu de temps après qu’il ait accueilli Chico, l’armée ouvre un centre de compétence pour les chiens à Schönbühl aussi. « Je suis devenu ami avec le responsable qui m’a proposé de venir à l’entraînement chaque mardi avec Chico. » Les autres chiens sont tous des bergers allemands, des malinois ou des goldens. « J’étais le seul à avoir un cocker, et on se moquait un peu de moi », se rappelle Alain. Mais l’entraîneur a l’œil, et très rapidement il lui dit : « Tu as un bon chien, il faut que tu fasses les tests d’aptitude pour devenir conducteur de chien militaire. » Alain est très surpris : « Le chien était encore jeune et moi je n’avais aucune expérience. » Il s’entraîne pourtant, Chico passe les tests d’aptitude et il est sélectionné avec une dizaine d’autres chiens pour suivre trois semaines de cours intensifs. « Il y avait de l’obéissance, de la recherche de survivants dans les décombres. C’était de plus en plus poussé et chaque semaine des chiens étaient éliminés. » A la fin, seuls deux chiens sont sélectionnés comme chiens militaires : Chico et un malinois. Une belle revanche pour Alain et son compagnon à quatre pattes !

C’est ainsi que Chico devient le premier cocker militaire ! Désormais il reçoit une solde et tous ses frais sont payés. Mais en contrepartie, il doit continuer à être entraîné intensivement et doit être disponible en cas de besoin.

REDOG

Parallèlement, Alain s’engage comme bénévole à REDOG, la Société suisse des chiens de recherche et de sauvetage. Là aussi l’entraînement est intensif : au moins un soir par semaine et presque chaque weekend, dans toute la Suisse et parfois à l’étranger. « Si ma femme ne m’avait pas soutenu et encouragé, je n’aurais jamais pu le faire », confie Alain. « Nous avions une caravane dans un camping où nous avions beaucoup d’amis, je ne restais pas seule », sourit Annette, « alors je disais à Alain, vas-y seulement. »

Après Chico, Pirate

Manque de chance, à 7 ans Chico est infecté par une tique lors d’un entraînement. Il faut l’endormir. Mais désormais Alain ne peut plus se passer de chien. Il choisit un autre cocker, Pirate, et lui fait suivre l’exigeant parcours qu’il connait bien maintenant : chien militaire, Redog… « Pirate était encore plus doué que Chico. Et moi j’avais aussi plus d’expérience », avoue Alain. Pirate vivra jusqu’en septembre 2016. Un an après, Alain prend sa retraite.

Cynologie Moutier

Aujourd’hui, Alain n’est plus militaire ni bénévole REDOG mais l’éducation des chiens reste son activité principale. De retour à Moutier depuis 2006, après avoir longtemps habité à Berne, il est devenu membre de la Société de cynologie de Moutier et environs puis président depuis 2012. Il dispense des cours de base, d’obéissance, d’agility et de mobility, faisant ainsi profiter les Prévôtois de sa longue et riche expérience. En forêt, on le rencontre toujours en balade et Icare, son labrador et Bill, son border collie ne sont jamais loin. 

Les promeneurs les connaissent bien : « C’est Alain et ses chiens : pas de souci, ils obéissent au doigt et à l’œil ! »

Claudine Assad

Alain Zigerli avec Chico, le premier cocker de l’armée suisse. (photo ldd)