Portraits

«Les passionnés n’ont pas de retraite»

Edition N°11 - 18 mars 2020

Olivier Schnegg est désormais privé de glace, mais pas des petits plaisirs de la vie. (photos oo)

Responsable de la patinoire et de la piscine de Moutier durant 34 ans, Olivier Schnegg a effectué son dernier tour de piste sur la glace prévôtoise le lundi 9 mars dernier. Ses rapports de travail avec la Municipalité devaient se terminer le 31 juillet 2020, mais il a pris un congé non payé de 4 mois pour permettre à la nouvelle équipe de la piscine de plonger dans le grand bain le plus sereinement possible. Entre souvenirs et perspectives, Olivier Schnegg livre ses impressions avec un brin d’humour, sans jamais chercher à noyer le poisson. Ce n’est pas le genre de la maison… 

Tapissier-décorateur de formation, Olivier Schnegg est un homme de passions. Il ne conçoit donc pas d’utiliser le mot retraite pour évoquer la prochaine étape de sa vie. Mais au fait, comment va-t-il occuper son temps libre? «Je donnerai la priorité aux chic-ouf! Il s’agit de mes petits-enfants. Chic, ils arrivent, ouf, ils repartent», glisse-t-il d’un air malicieux. «Je goûterai également aux plaisirs du voyage avec mon camping-car. Je pense à la Corse, mais également aux magnifiques endroits de notre région. A trente minutes de Moutier, il est déjà possible de contempler de véritables trésors comme un splendide coucher de soleil au bord du lac, par exemple.» 

Un gala plutôt glaçant! 

Durant 34 ans, Olivier Schnegg a vécu des expériences humaines très enrichissantes. Il oublie les incidents qui l’ont plongé dans la tristesse, préférant s’étaler sur les bons souvenirs qui ont marqué son parcours professionnel. Le gala organisé dans le cadre du 25e anniversaire du CP Moutier regroupant une large palette d’artistes en fait partie: «Ce plateau prestigieux comportait notamment le couple Paul et Isabelle Duchesnay, médaillé d’or de danse aux championnats du monde de Munich, mais également Denise Biellmann et un couple de russes très huppé lui aussi. Sur 34 ans, je ne me souviens pas d’une température aussi glaciale que ce soir-là. Il faisait moins dix dans la patinoire. Sans les couvertures récupérées dans l’urgence à la protection civile de Tramelan, le public n’aurait probablement pas pu tenir le coup durant deux heures.» Autre anecdote croustillante: la venue du HC Lugano pour disputer un entraînement à la patinoire de Moutier avant de croiser le fer avec le HC Ajoie à Porrentruy. «Mon collègue de l’époque Alain Vogel pensait à une plaisanterie. Mais quand le car est arrivé, il m’a téléphoné. Le patinage public a été supprimé durant 90 minutes à la stupéfaction générale.» La venue de l’équipe de Russie à la fin des années 1980 pour préparer les Mondiaux organisés en Suisse ne l’a évidemment pas laissé de glace: «Nous avons pu saisir une telle opportunité grâce au joueur du HC Moutier Mathias Buser, qui tenait le rôle d’interprète. Les joueurs russes étaient mélangés à ceux de Moutier. Le public s’est vu gratifier d’un match exceptionnel.» 

I Muvrini: et de trois! 

Olivier Schnegg réserve une surprise de taille aux fans du groupe corse I Muvrini en préparant un concert qui se tiendra en acoustique dans une église de Moutier. «On attendra que le virus passe avant de déterminer la date définitive», explique-t-il. Le groupe corse emmené par Jean-François Bernardini s’est déjà produit à deux reprises en Prévôté, soit en 2016 et 1019 à la patinoire devant plus de 2000 personnes. 

La perception du privilège n’est pas la même pour tout le monde 

Lieux de détente par excellence, la piscine et la patinoire sont de véritables exutoires pour les personnes venant s’y défouler dans le but d’oublier les tracas du quotidien. «Les gens pensent que c’est un privilège de pouvoir travailler dans un contexte où l’ambiance est agréable et détendue. Cette situation n’a pas toujours été facile à gérer car il existe un énorme décalage entre leurs idées reçues et la réalité, sachant nous bossons parfois 7 jours sur 7 depuis le matin jusqu’à très tard le soir.» Ce n’est donc pas parce qu’on travaille à la piscine qu’on se la coule douce… 

«On ne se voit pas vieillir en travaillant avec des jeunes» 

A la piscine, Olivier Schnegg a vu défiler une kyrielle d’auxiliaires dont certains n’ont pas hésité à l’appeler au moment de prendre connaissance de la fin de son activité professionnelle par le biais des médias: «Ces marques de reconnaissance me font plaisir. C’est un baromètre qui indique très précisément la valeur de mon implication durant toutes ces années.» Et notre interlocuteur d’ajouter: «Comme j’ai toujours travaillé avec des jeunes, je ne me suis pas vu vieillir.» En guise de conclusion, Olivier Schnegg rappelle que la vie est comme un mille-feuilles; on la couvre de nombreuses couches de crème avant d’y mettre le sucre glace. C’est cette phase-là qui attend désormais un homme de convictions allergique aux injustices et à l’hypocrisie. Nul doute qu’il appréciera à sa juste valeur cette nouvelle tranche de vie propice aux découvertes fascinantes et saisissantes. Dans la foulée, nous souhaitons bon vent à son successeur Romain Crevoisier qui saura saisir la balle au bond avec la même efficacité qu’à l’époque où la fonction de gardien de but l’avait propulsé au sommet de la hiérarchie du foot helvétique. Héroïque un jour, héroïque toujours! 

Olivier Odiet 

Olivier Schnegg est désormais privé de glace, mais pas des petits plaisirs de la vie. (photos oo)