Portraits

Nonagénaire à la mémoire sans faille

Edition N°8 – 2 mars 2022

Renée Saunier : « Ce n’était pas mieux avant, mais simplement différent… » (photo oo)

Née en 1928 et domiciliée à Loveresse depuis 1951, Renée Saunier n’est autre que la mère de la… maire Fabienne Secchi. Dotée d’une grande clairvoyance et d’une mémoire sans faille, elle revient sur ses souvenirs d’adolescence sans jamais prétendre que c’était mieux avant, mais simplement différent. Rencontre avec une figure emblématique du village qui s’est toujours beaucoup investie en faveur de la collectivité publique.

Si Renée Saunier a passé son enfance à Malleray, c’est bel et bien au village de Loveresse qu’elle se sent attachée. Employée de commerce de formation, elle a travaillé durant six ans à la fabrique de pignons Léon Charpilloz SA, à Malleray, avant la naissance de ses deux filles, Fabienne et Brigitte. Sa carrière professionnelle s’est poursuivie à Loveresse où elle a tenu la caisse communale à une époque où les femmes n’avaient pas encore le droit de vote. Son attirance naturelle pour la collectivité publique l’a menée au Conseil communal où elle dirigea le dicastère des travaux publics et des finances. « Je n’ai jamais souffert d’une quelconque attitude machiste de la part de la gent masculine », explique-t-elle. « Au contraire, les contacts ont toujours été harmonieux. J’ai même reçu une lettre de remerciement au moment de mon départ à mon plus grand étonnement. »

La plume facile…

Au niveau associatif, Renée Saunier a fait partie du Chœur mixte de Loveresse, rejoignant ainsi son mari Gérard. Durant plusieurs années, elle a officié en tant que correspondante locale au Journal du Jura et n’avait pas manqué de rédiger un petit article, sous forme de clin d’œil, en janvier 1993 lorsque la montgolfière argentée marquée du sceau du Journal du Jura et du Bieler Tagblatt s’était réalimentée en carburant sur le territoire de Loveresse. « Je me suis toujours beaucoup appliquée dans ma fonction de correspondante. Je relisais plusieurs fois mes articles pour trouver le mot adéquat. J’aime la rigueur et la précision. C’est dans mes gènes », signale-t-elle. Renée Saunier a également participé à la rédaction d’une plaquette historique du village publiée dans le cadre des journées de fête et de rencontre CH 91 pour faire revivre un passé oublié. On y découvre notamment que le 28 novembre 1854, les habitants bourgeois et non bourgeois réunis en assemblée décidèrent de former une commune mixte « du consentement des deux corporations ». Les écoles, le Centre agricole, l’agriculture, le ménage communal et la vie sociale ont également fait l’objet d’une mise en lumière dans cette plaquette élaborée avec minutie qui consacrait sa dernière page au légendaire clown Grock, natif du village. Lors de son époque dorée, Loveresse proposait un large éventail du commerce local avec deux restaurants, une fromagerie, une boucherie et un magasin d’alimentation. Les temps ont bien changé…

Réconfortée par l’amour de son entourage

Renée Saunier garde de lumineux souvenirs des événements villageois d’antan comme les festivals de district et les fêtes champêtres de la société de fanfare. « A l’époque, les gens se déplaçaient toujours à pied alors qu’aujourd’hui, ils ne peuvent plus faire trois pas sans la voiture », observe-t-elle. Dans sa vie bien remplie, Renée Saunier a également fait partie du Conseil de paroisse de Reconvilier. Elle a d’ailleurs transmis ce goût de l’engagement public et du travail bien fait à ses deux filles, qui s’occupent de leur maman au quotidien avec assiduité et bienveillance : « Je suis consciente que c’est un grand privilège », relève-t-elle. « J’ai toujours eu beaucoup de chance dans ma vie. Et surtout, j’ai aimé tout ce que j’ai fait. » Renée Saunier n’est évidemment pas insensible au fait que sa fille Fabienne occupe la fonction de maire du village. « Je pense qu’elle est capable. Sinon, elle ne serait plus en place aujourd’hui. » Bien que Renée soit sa maman, elle n’est pas pour autant placée dans la confidence communale : « Fabienne est une tombe. Elle cultive le secret de fonction au plus haut point », ajoute encore cette alerte nonagénaire qui apprécie à sa juste valeur la présence régulière de ses trois petits-enfants et cinq arrières petits-enfants. Vous avez dit comblée ?

Olivier Odiet

 

Renée Saunier : « Ce n’était pas mieux avant, mais simplement différent… » (photo oo)