D’origine grisonne, canton avec lequel il entretient toujours des liens, Marcel a Marca vient de fêter en famille son nonantième anniversaire. Mais c’est dans la région, plus particulièrement à Reconvilier, qu’il a créé des attaches indélébiles où il est connu comme le loup blanc. Toute une vie passée dans la ferblanterie, l’installation sanitaire puis la toiture-couverture avec une entreprise créée en 1926 par son père, qu’il aura vu grandir et se développer dans un contexte supra régional.
Le 4 octobre 1930, le petit Marcel montrait le bout de son nez dans la famille de Noël a Marca (né en 1899), aîné d’une fratrie de deux frères et de deux sœurs. C’est son grand-père, né en 1870, un colporteur (marchand ambulant, métier aujourd’hui quasiment disparu), qui vint s’installer dans la région. C’est ainsi que Marcel fit ses classes à Reconvilier, puis un apprentissage de ferblantier chez Della à St-Imier, en même temps qu’il fréquentait l’école des Arts et Métiers de Berne. Précisons aussi que son père avait appris la profession chez Fontana à Moutier, une autre entreprise ancienne de la région. En 1953, il épouse Mariette Boillat, de Loveresse, qui lui donnera deux fils, Claude et Gilles, et une fille, Isabelle. Sept petits-enfants et trois arrière-petits-enfants compléteront le tableau familial.
Trois générations
Dans les années septante, Marcel et son frère Robert reprennent les rênes de l’entreprise. Puis Marcel, victime d’un infarctus il y a une quarantaine d’années, remet la boîte à ses fils Claude et Gilles et prend une retraite anticipée. Le malheur frappe alors la famille avec le décès de Gilles à l’âge de 46 ans et Claude se retrouve seul à la tête de la firme. Couvreur de formation, il ajoute un plus avec les prestations de toiture-couverture et représente donc la troisième génération. Il en fait une entreprise très bien équipée techniquement, d’une dizaine de collaborateurs, à la renommée irréprochable et qui travaille non seulement dans l’Arc jurassien, mais aussi dans les régions vaudoises et genevoises.
Pigeon voyageur
Marcel a Marca peut donc dormir sur ses deux oreilles, en sachant que la boîte tourne bien et profiter de sa retraite anticipée. Avec Mariette, ils font l’acquisition d’un camping-car, sillonneront l’Europe entière, et découvriront les plus beaux coins de Suisse. Membres d’un groupe d’amateurs de ce genre de déplacements, ils découvriront monts et merveilles, chacun faisant profiter l’autre de ses découvertes. Mais ils verront aussi plus loin que l’Europe, avec des voyages vers d’autres destinations : Brésil, Togo, Argentine, Mauritanie, Algérie, Tunisie, Cap Nord, Turquie, etc. Ils voyageront aussi en voiture, n’hésitant pas à charger le véhicule sur un ferry pour découvrir d’autres latitudes. Marcel fut aussi actif sur le plan sportif en pratiquant la gymnastique, le ski ou le hockey. Membre du CAS, la marche et la varappe n’avaient plus de secrets pour lui. Il est également le roi de la bricole, ce dont ses petits-enfants se réjouissent à chaque fois qu’un jouet est abîmé. Peut-être de peur qu’on ne se souvienne pas de ses nombreux travaux autour de la maison, il signait ses créations et avait même fait l’acquisition d’un fer à marquer avec ses initiales !
Le havre de paix
En 1975, les a Marca font l’acquisition d’une ancienne grande ferme de la famille de Madame sur les hauts de Loveresse, qu’ils transforment avec goût de façon magnifique. Leur fille partage aussi une aile du bâtiment. Il y a alors de quoi s’occuper avec un « petit » terrain de 30’000 m2 » ! Des arbres fruitiers feront que Marcel s’intéressera à l’arboriculture. Un peu atteint dans sa santé, c’est maintenant Madame, de deux ans sa cadette et qui tient une forme éblouissante, qui prend plaisir à cultiver les légumes du jardin, à s’occuper des poules et de son intérieur. Celui-ci comprend d’ailleurs quelques vieux meubles incroyables, hérités à gauche et à droite. Elle est aussi une champignonneuse hors pair et récolte de nombreux kilos de bolets. Quand elle s’adonne à ses cueillettes, Monsieur l’accompagne, mais reste dans la voiture : « ben oui quoi, avec mes cannes…ça me fait au moins une sortie » !
Bon vivant
La fête du nonagénaire a réuni toute la tribu lors d’un repas à la maison, soit 21 personnes. Et comme cadeau, Marcel a demandé de pouvoir aller manger la chasse. C’est que l’homme est un épicurien et un fin gourmet. S’il dit ne plus manger beaucoup de viande, il est par compte un bec sucré. Il aime les douceurs. Et quand Mariette lui demande de se mettre un peu au régime, il cache malicieusement sous son pull une tablette de chocolat pour la manger discrètement devant la télé. Il semblerait cependant que ça se sache ! Sinon, il mène sa petite vie tranquille, remonte ses morbiers le dimanche matin, donne un coup de main en cuisine pour couper les légumes et aime la convivialité. Il a toujours quelques contacts avec de la famille restée aux Grisons, dans le fief de Mesocco où il existe encore une maison familiale. Une vie bien remplie dont il espère encore profiter. On le lui souhaite !
Claude Gigandet