Portraits, Sport

Papi Burri force toujours l’admiration

Edition N°4 – 3 février 2021

Déjouant les pièges du Monte avec la maîtrise qu’un pilote scandinave n’aurait pas renié, Olivier Burri s’est sublimé au volant de sa VW Polo R5. Bravo l’artiste ! (photo ldd)

Prétendre que le pilote de Belprahon Olivier Burri, qui fêtera son 58e anniversaire le 4 septembre prochain, est un papi qui fait de la résistance s’apparente presque à une insulte puisqu’il fait beaucoup mieux que de simplement résister. Lors de sa 23e participation au Rallye de Monte-Carlo, il a affronté la boue, la neige et la glace vive avec un sang-froid qui n’a pas manqué de scotcher les observateurs avertis. Verdict : ce grand champion au palmarès de ouf s’est classé 18e de cette épreuve disputée à huit clos et comptant pour la première manche du championnat du monde. Cerise sur le gâteau, il s’est adjugé la première place du classement amateur et la 10e de la classe RC2. Que du bonheur !

Nous pensions avoir déjà tout écrit sur Olivier Burri, mais voilà qu’il continue d’exceller au point de se mettre dans la peau d’un pilote scandinave. Oui, l’homme est toujours au top, physiquement, psychiquement, tactiquement et techniquement. Sa récente performance au Monte est d’autant plus exceptionnelle que le pilote de Belprahon s’est occupé, en parallèle, de préparer l’infrastructure d’un team comptant trente personnes au total dont les pilotes Sacha Althaus, Mike Coppens et Philippe Roux. Durant les reconnaissances, trois menus chauds à choix étaient proposés pendant que d’autres pilotes de renom engloutissaient un simple sandwich. Le Français Adrien Fourmaux, 2e du classement WRC2 et future icône du rallye mondial, s’est lui aussi régalé dans le camp Burri en profitant au maximum de son statut d’invité de marque. Mais revenons à nos moutons, soit le côté sportif, le pur, le vrai, du Monte, en donnant la parole à Olivier Burri : « Avec mon copilote Anderson Levratti, nous avons réalisé un rallye exceptionnel cette année. Je pense notamment au samedi où j’ai vécu l’une des plus belles journées de toute ma vie avec à la clé le 5e chrono de ma catégorie et le 13e temps scratch. Anderson m’a dit : « C’est un peu comme si je jouais sur ma PlayStation : irréel. » En fait, nous étions en état de grâce. Une vitesse de pointe s’élevant à 186 km/h sur la glace à la descente nous a permis de passer de la 25e position à la 18e place avant de grignoter encore quelques places aux forceps dans un décor polaire. C’était juste magique ! » 

Un casse-tête permanent 

Pour Olivier Burri, cette 23e participation au Monte fut toutefois loin d’être un long fleuve tranquille. En effet, il a aussi connu son lot de grosses frayeurs. On pense notamment à la spéciale où Olivier Burri a commis une erreur en voulant attaquer à outrance sur la glace et dans un endroit hyperétroit. Sa voiture a tapé le talus et l’équipage Burri/Levratti s’est retrouvé sur deux roues : « J’ai eu peur de partir au tonneau, mais j’ai réussi à reprendre la maîtrise du véhicule et les dégâts sur la voiture n’ont finalement pas dépassé le stade de la cosmétique. Alors, on a continué notre route en mesurant les risques pour obtenir le résultat qu’on connaît », explique Olivier Burri qui rappelle qu’on ne retrouve jamais les mêmes conditions de route au Rallye Monte-Carlo où le casse-tête est permanent, notamment au niveau du choix des pneus. Pour la première fois de sa carrière, il a mis au point une stratégie de conseils à distance. Le concept est simple. Assis sur la chaise de son bureau à la maison, Michael, le fiston, a regardé la course de son père en live et a retenu les endroits où il a commis des erreurs pour les analyser à tête reposée à l’heure du débriefing. Cette manière de procéder a bien rendu service au pilote de Belprahon qui n’hésitera pas à renouveler l’expérience le cas échéant. 

La mémoire vivante du Monte

Considéré comme étant la mémoire vivante du Monte, Olivier Burri ne s’est pas uniquement donné les moyens de performer en se battant comme un chiffonnier, mais également en soignant le moindre détail en coulisses. « J’ai passé l’arrivée du Monte-Carlo pour la 20e fois et c’est une grande fierté. J’ai toujours la même volonté, la même gnaque. Tant que mon corps me le permettra, je n’ai aucune raison de raccrocher ! » s’exclame-t-il. Pour cette année 2021, il ignore encore son programme, la pandémie n’aidant pas les pilotes en matière de planification, mais il verrait d’un bon œil une participation au Rallye de Croatie qui se déroulera du 22 au 24 avril. Le délai devient assez short pour assurer une bonne préparation, mais avec Olivier Burri, rien n’est impossible… 

Olivier Odiet 

Déjouant les pièges du Monte avec la maîtrise qu’un pilote scandinave n’aurait pas renié, Olivier Burri s’est sublimé au volant de sa VW Polo R5. Bravo l’artiste ! (photo ldd)