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Sentiments de colère et d’indignation

Edition N°10 – 17 mars 2021

De gauche à droite : Manfred Bühler, René Eicher, Maxime Ochsenbein, Claude Mudry, Bernard Leuenberger. (photos pn)

Le vendredi 5 mars dernier, il n’y avait pas de mots assez durs dans la bouche des différents intervenants pour exprimer l’indignation suscitée par la plainte déposée par PETA contre la famille Wüthrich accusée de négligence après l’incendie qui a ravagé et détruit leur habitation et leur ferme à Cortébert dans la nuit du 21 au 22 janvier dernier. 

La pétition qui vise à soutenir la famille Wüthrich et faire pression contre la plainte de l’organisation antispéciste PETA est arrivée à son terme. C’était l’occasion pour Maxime Ochsenbein, initiateur de la démarche de remettre aux autorités municipales de Cortébert plus de 23’000 paraphes récoltés via internet et le traditionnel support en papier. Un soutien essentiellement régional, suisse mais provenant également de France et d’Espagne.

A relever que parmi les signataires plusieurs défenseurs de la cause animale partageant les buts de PETA ont écrit dans leurs messages de soutien ne pas partager la méthode utilisée, la réprouvant totalement.

Faire le buzz

Selon Maxime Ochsenbein, « la plainte ne vise en rien l’obtention d’une condamnation, ni même le bien-être des animaux. Elle n’a d’autres buts que de faire le buzz, de surfer sur un drame, quelles qu’en soient les conséquences et les dégâts humains qu’elle génère. » Il dénonce un procédé indigne et irrespectueux pour une organisation qui réclame davantage d’éthique envers les animaux.

A la réception de la pétition, Manfred Bühler, maire de Cortébert, a exprimé sa reconnaissance et ses remerciements au nom de la municipalité à Maxime Ochsenbein et tous les signataires pour leur soutien bienvenu. Une belle manifestation et expression de solidarité envers la famille éprouvée.

Bien que la commune n’ait pas la qualité de partie dans la procédure, elle enverra la pétition et un courrier au ministère public l’invitant à classer au plus vite cette plainte. Le maire réitère le soutien des autorités et de l’administration communales à la famille sinistrée.

Indigne, révoltant

Michel Darbellay, membre de la direction de l’Union suisse des paysans, outre l’indignation qu’il partage, relève le mépris des responsables de PETA pour les personnes touchées dans leur être et leurs moyens d’existence. Selon lui, « le procédé qui consiste à attaquer des personnes en situation de faiblesse est particulièrement révoltant. » Il aurait apprécié que ceux qui placent l’animal au-dessus de l’être humain relèvent le courage du fils qui n’a pas hésité à mettre sa vie en péril pour sauver septante vaches et tenter sans succès de libérer le jeune bétail. Au lieu de cela, ils ne font que peu de cas des drames humains en récupérant une tragédie humaine pour vendre leur cause. Habitat, lieu de vie et de travail, moyens d’existence, raison de vivre, souvenirs, animaux, tout a volé en fumée. Reprocher à la famille Wüthrich de la négligence alors que les bâtiments étaient pratiquement neufs et contrôlés est totalement inapproprié. De plus, un contrôle vétérinaire avait relevé la parfaite conformité aux exigences légales de l’exploitation familiale.

Et M. Darbellay de relever que « le risque zéro en matière d’incendie n’existe pas quel que soit le bâtiment. Il n’en demeure pas moins que les fermes, par les matériaux de construction employés, leur configuration, le fourrage et autres matériels entreposés sont des édifices particulièrement exposés et cela quelles que soient les précautions prises. Personne ne souhaite l’incendie de son exploitation et encore moins la perte de ses animaux. L’agriculteur vit par et pour ses animaux. »

Méthodes abusives

René Eicher, Président de Suisseporcs romandie ne cache pas son exaspération et son incompréhension. Selon lui, « qui est mieux placé que l’éleveur pour prendre en compte le bien de ses animaux? » Leurs soins et leur garde dans de bonnes conditions sont essentiels à tout point de vue. Il dénonce la campagne calomnieuse lancée à l’encontre de la famille par PETA et plus généralement les méthodes des organisations abusant de l’état de droit au profit de propagandes extrémistes en actionnant la justice à tout va. Il en appelle aux politiciens pour qu’ils légifèrent de sorte à bannir les usurpateurs des droits.

Il est rejoint en cela par Claude Mudry, représentant d’Uniterre qui lui aussi, la colère passée, partage son souci de trouver des moyens pour lutter contre l’extrémisme de certaines organisations.

Quant à Bernard Leuenberger, Président de la Chambre d’agriculture du Jura bernois, il relève des procédés frisant la malhonnêteté dans les arguments liés à la conformité et la sécurité des bâtiments. Tous trois n’oublient pas de manifester leur soutien et leurs encouragements aux membres de la famille. Car du courage il leur en faudra pour affronter les obstacles qui ne manqueront pas dans la reconstruction de leur lieu de vie et de travail. Aucun représentant de PETA n’étant là pour défendre sa position, l’association en a pris pour son grade. Ni le moment, ni le lieu ne se prêtaient à un débat contradictoire.

Une vie bouleversée

Cependant, au moment où la nature reprend vie avec le retour du printemps, ce qui ne devait être qu’une reprise normale et réjouissante des travaux de saison, prémices de jours meilleurs, se transforme en défis matériels et logistiques importants pour la famille Wüthrich. 

Soutenue tant par la population, les autorités et l’administration locales, il n’en demeure pas moins que du jour au lendemain tout a changé. « Nos habitudes et rythmes de vie calqués sur les besoins de nos animaux ont été bouleversés. Le contact avec nos bêtes nous manque. Confortablement relogé, on ne sent pas chez soi. Nos affaires nous manquent, notre indépendance aussi. Concurrents en temps ordinaire, les agriculteurs ont démontré une solidarité extraordinaire en hébergeant les bêtes qui ont survécu à la tragédie et en apportant leur soutien », nous confie Mme Wüthrich, émue. Les travaux des champs n’attendent pas et le parc de machines doit être reconstitué. Que de défis !

Si les dons en nature ne sont plus nécessaires, il est toujours possible de soutenir la famille via le compte bancaire ouvert à cet effet par la Municipalité de Cortébert.

Clientis Caisse d’Epargne Courtelary. Au nom de : Municipalité de Cortébert, Case postale, 2607 Cortébert. Mention : « Solidarité incendie 22.01.2021 »

IBAN : CH54 0624 0020 1002 0130 6

Patrice Neuenschwander

 

De gauche à droite : Manfred Bühler, René Eicher, Maxime Ochsenbein, Claude Mudry, Bernard Leuenberger. (photos pn)