Manifestations

Un programme hors du temps

Edition N°29- 12 août 2020

Pour la première saison de Bellelay Musiques, l’excellent ensemble français Les Meslanges se produira le dimanche 23 août à 17h à l’Abbatiale de Bellelay. Avec Jean-Charles Ablitzer aux orgues, ils convieront le public à découvrir des œuvres écrites en hommage à la Vierge entre le début de l’ère baroque et l’orée du romantisme.

L’ensemble Les Meslanges créé par Thomas Van Essen réunit des chanteurs solistes et instrumentistes passionnés par la diversité musicale qu’offre la musique ancienne. Ils sont invités par de nombreux festivals et leurs enregistrements ont reçu des prix prestigieux tels les «5 Diapasons» ou le «Coup de cœur» de France Musique. A Bellelay, Esther Labourdette, Damien Rivière, Thomas Van Essen et Roland ten Weges assureront les parties chantées. Eva Godard jouera le cornet à bouquin et Volny Hostiou, le serpent. A la source de la démarche musicale de l’ensemble figure l’envie de placer la musique dans son contexte. Le programme de Bellelay, se situe dans la ligne de l’engouement pour le culte marial initié lors de la Contre-Réforme et destiné à agir comme le fer de lance de l’Eglise catholique.

Jean-Charles Ablitzer fait partie de la génération des organistes qui ont contribué à la redécouverte de la musique baroque autour de l’orgue. Couperin, Marchand ou du Mont n’ont plus aucun secret pour lui et il saura en livrer une interprétation brillante. Concertiste, pédagogue, amoureux des orgues anciens, il a contribué à la restauration et à la construction de plusieurs instruments de renommée. Il a longuement collaboré avec Gérard Lesne au sein de Seminario musicale et travaille avec bonheur avec le baryton catalan Josep Cabré.

Le programme O dulcis Maria! est composé de pièces d’orgue alternées avec le plain-chant, de musiques polyphoniques et de motets, dans l’idée de mettre en évidence la diversité des langages musicaux de cette époque foisonnante.

Plusieurs œuvres de Peter Cornet, Titelouze, Frescobaldi ou Lasceux seront données en restituant l’usage de l’alternatim qui consiste à instaurer un dialogue entre les interprètes. Cette pratique s’impose dès les premiers âges des célébrations liturgiques dans les cathédrales et églises d’Europe. Elle permet de restituer le chant des strophes paires et impaires par différents «groupes sonores». C’est avec le grand orgue, lors des festes solennelles», que cette pratique était la plus fastueuse. Après l’intonation des premiers mots d’un hymne, l’orgue répondait et jouait les versets impairs tandis que les chantres avaient la charge du verset pair. Pour répondre aux versets d’orgue, les modes d’alternance sont variés: plain-chant monodique des voix soutenues par le serpent, polyphonies en faux-bourdon (accompagnement du plain-chant au ténor par les autres voix) ou véritables compositions dans le style du motet à plusieurs voix. C’est le plain-chant qui fait l’unité de chaque cantique. Ainsi, les musiciens n’ont pas hésité à faire dialoguer, dans le Magnificat du premier ton qui clôture le programme, deux styles fort différents: les pièces d’orgue de Guillaume Lasceux et les polyphonies d’Artus Aux-Cousteaux!

(cp-oo)