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« Une progression hallucinante ! »

Edition N°4 – 1 février 2023

Carole Perrot pose ici avec Christian Wey, propriétaire du groupe QUALIPRINT HOLDING AG. (photo mb)

Championne du monde de triathlon Xterra en Italie toutes catégories d’âge confondues (hors Elite), en octobre dernier, Carole Perrot, de Prêles, a récemment participé à un séminaire réservé aux cadres du groupe QUALIPRINT HOLDING AG à Andermatt. Au menu : initiation au skating et conférence sur le thème de la motivation. Nous avons profité de cette opportunité unique pour nous entretenir avec cette championne hors normes qui a aimablement répondu à nos questions. Un grand merci.     

Carole, comment êtes-vous tombée dans la marmite du triathlon ?  

– J’y suis tombée en 2014, complètement par hasard, sans que ce soit prévu ou calculé. J’ai disputé une fois le triathlon de Tramelan. Ça m’a plu et j’ai continué. Mais au bout d’un certain temps, je stagnais, jusqu’à ce que je rencontre mon coach actuel, Bernard Maréchal. Il vient de la compétition de vélo et il m’a fait progresser dans le milieu professionnel. En quatre ans, ma progression est hallucinante. Mon titre de championne du monde l’atteste. 

Qui vous à transmis le virus du triathlon ? 

– Personne. C’est venu par moi-même. Je pratiquais les trois sports séparément, facilement compatibles avec mon rôle de mère au foyer (ndlr : elle est maman de deux enfants : Rayan, 17 ans et Soraya, 14 ans). 

Quelles sont les qualités indispensables pour percer dans cette discipline ?

– La flexibilité, parce qu’on doit s’entraîner dans trois sports différents, donc ce sont trois techniques bien distinctes. Ce qui est difficile, c’est de passer d’un entraînement à l’autre, d’une technique à l’autre, avec des contenus différents. En fait, les maître-mots pour réussir à obtenir de bons résultats, ce sont la rigueur et le travail sérieux. 

A combien de séances hebdomadaires votre entraînement s’élève-t-il et de quoi est-il composé ? 

– Cela change durant l’année, en fonction de la période des courses. En octobre, il y a un mois de pause : c’est sport « plaisir », il ne faut pas arrêter complètement, mais toutes les sorties sont pour rêvasser, sans aucune précision dans l’entraînement du jour, sans montre. Ensuite, de mi-novembre-décembre et jusqu’à février, je pratique le fitness deux fois par semaine avec des machines spécifiques, un mélange de musculation et d’exercices d’explosivité, sur une période de trois mois dans le but de renforcer la structure musculaire et travailler sur la condition physique de base afin d’éviter les blessures pendant la saison. Entre deux, il y a bien sûr également de longues sorties en extérieur, de la natation deux fois par semaine. Hors saison, cela représente entre doute et quinze heures d’entraînement hebdomadaire. Ensuite, pendant la saison, quand il y a des courses presque tous les week-ends, on se prépare pour l’épreuve et on récupère après la compétition. Cela ne fait pas beaucoup en quantité, mais il faut savoir récupérer. On ne peut pas demander n’importe quoi à son corps.  

Le facteur chance a-t-il aussi son importance dans le triathlon ?

– La chance existe, c’est sûr, mais mon père me l’a toujours dit : la chance se provoque. Si on n’a pas la volonté de réussir, les choses n’arrivent pas que par chance, il faut un petit mélange des deux. 

Que représente à vos yeux votre titre de championne du monde Xterra en Italie ?

– Eh bien, ça les fait briller mes yeux. Il y a quatre ans en arrière, je voyais ce titre avec beaucoup de respect, il ne me paraissait pas atteignable. Mais après, avec la patience, le travail et les portes qui s’ouvrent au fur et à mesure des compétitions, on s’inscrit aux Championnats du monde et on les gagne…c’était magnifique. Aussi parce que j’ai pu les partager avec les membres de ma famille, ce qui a une grande valeur. Ils ont fait ce long voyage astreignant avec moi et on est tous revenus avec un sac à dos rempli de beaux souvenirs. 

Envisagez-vous d’embrasser une carrière pro ? Et si oui dans quel laps de temps ?

– On m’a demandé cette année de courir avec les pros, au vu de mes résultats, ce qui ne veut pas dire que je me qualifie moi-même en tant que pro, parce que le professionnalisme, c’est de le faire à part entière et de pouvoir en vivre. Pour moi, le triathlon n’est de loin pas cela, n’étant pas une discipline spécialement soutenue au niveau fédéral ni au niveau des « prize money ». Il faut donc compléter avec du sponsoring et c’est cela qui va définir si je pourrai participer au World Tour qui engendre des frais très élevés, par exemple pour partir à Taïwan. Je ne veux en effet pas le financer avec l’argent de ma famille, c’est important pour moi que cela vienne des sponsors. 

Est-il difficile de trouver des sponsors dans votre sport ?

– Oui, clairement. Les entreprises régionales aident volontiers, mais c’est plutôt du mentorat que de vouloir se mettre elles en avant à travers mon image. Ce sport n’est malheureusement pas tellement médiatisé, mais j’aimerais bien réussir à décrocher un sponsor principal avec lequel je puisse développer un partenariat (ce qu’elle a entre-temps obtenu avec Qualiprint Holding AG). Même des grandes entreprises régionales ou suisses reconnues mondialement ne montrent aucun intérêt. Ils mettent leur budget dans d’autres sports comme le ski ou le tennis. 

Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans le triathlon ? 

– Le progrès, évoluer, s’améliorer, devenir plus forte, suivre les entraînements. Cette faculté qu’a le corps de s’adapter pour passer d’un sport à un autre me passionne, c’est vraiment fabuleux. Cela s’entraîne aussi, évidemment.

Arrivez-vous facilement à concilier vie de famille, travail et compétition ?   

– Oui, je n’ai aucun souci, honnêtement. Je suis quelqu’un d’hyper organisé et ordré à la base, donc je ne dois pas fournir d’efforts particuliers. Mon agenda est clair et précis : je suis à la maison le matin quand les enfants se réveillent et quand ils rentrent et entre deux, il y a le temps pour aller travailler et s’entraîner. C’est facile et ça ne me stresse absolument pas, sinon je ne pourrais pas le faire.

mh/mb/oo

Carole Perrot pose ici avec Christian Wey, propriétaire du groupe QUALIPRINT HOLDING AG. (photo mb)